Gérer les conflits entre frères et soeurs, pas évident. Voici une solution !
Alors comme ça, vous avez des enfants ? Désolé.
Vous ne pouvez plus revenir en arrière, faudra vous y faire.
Ça court partout, ça fait du bruit…et…ça se bagarre, ça se dispute, ça crie, ça hurle !
On me fait signe de remplacer « ça » par « ils ». Mais non.
Ça se dispute, et c’est bien relou. Relou car pour démêler le vrai du faux, du petit mytho (lisez tout de même « Au secours ! Mon enfant est un menteur ! ») ou de la petite stratège qui à tout compris pour faire punir son frère à sa place, vous avez de quoi faire.
Alors, quelle solution, à part les vendre ?
Appelez Marcel Rufo, regardez les maternelles, envoyer un A/R à John Bowlby ou communiquer dans l’au-delà avec Maria Montesorri.
Merci qui ? Merci Cédric Daudon !
Ok, je n’arrive plus vraiment à vous surprendre.
Allez, soyez dans les starting blocks, nous avons des problèmes à régler.
Que faut-il faire pour gérer les disputes des enfants ?
En général nous utilisons depuis des siècles la punition. Qu’elle soit restrictive, en enlevant ce qui plait à l’enfant : la TV, certains jouets, des gâteaux, le sport préféré, etc.
Cela consiste finalement à créer une frustration, en associant le mauvais comportement à une situation désagréable, soit un cadre perdant ?…perdant !
« Perdant-perdant, il apprend ! »
En vérité, ce n’est pas la meilleure des méthodes.
À un mauvais comportement, la réaction de soulèvement parental outré de ces méthodes a donné : la punition dite de « l’isolement ».
Hop, Jean-Francis à fait une bêtise, on l’envoie dans sa chambre. Déjà beaucoup mieux, du moment que ça dure pas l’après-midi. On considère que le temps adapté équivaut à son âge en minutes : 3 ans, 3 minutes, etc. N’en faites pas non plus une punition avec le minuteur des pâtes, c’est un peu bizarre. Soyez souples dans votre plaisir à punir quand même.
Si l’on peut dire que la punition d’isolement fonctionne, c’est avant tout car l’enfant apprend doucement à se calmer seul. De plus, pas de double peine : mauvais comportement + punition, terminé. Cela donne mauvais comportement = rien. Donc pas de stimulation positives pendant X minutes.
Cependant, je vous renvoie à mon mini-ebook « Mieux Communiquer avec son enfant » (inscription en bas de page) qui donne quelques clés supplémentaires à ce sujet : Il vaut mieux calmer l’enfant, surtout s’il est jeune, avant de pratiquer ce genre de punition.
Bref, le monde de la punition est riche et je reviendrai sur l’art en perdition dans un autre article avec moults références au Moyen-âge, période riche en idées pour faire souffrir et ainsi faire apprendre les bons comportements à ces jeunes ingrats.
La vraie solution !
Alors comme le saumon – mon préféré – je vous propose une solution à contre courant : améliorer leur entente !
Et oui, complètement pas con Daudon. Oui Daudon c’est mon nom.
Si on renforce leurs liens, les enfants s’aiment davantage, CQFD. Et si on s’aime, on aura moins tendance à se prendre la tête pour une connerie de jouet qui doit-être-attrapé-en-premier-ou-arraché-des-mains-du-frère.
Alors je vous préviens avec ce qui suit, niveau éthique, on est complètement borderline. Je risque de ne pas plaire pas à tout les parents, notamment mes copains frileux et frileuses de la psychologie babacool. Oui eux, les hyper sensibles du neurone miroir.
Le méta-problème
Aller on y va : vous avez un problème : celui de vos enfants.
Et eux leur problème, c’est un jeu, une partie, une cuiller ou peu importe et cetera.
La solution, c’est leur créer un problème commun : et voici le méta problème, soit « le problème du problème » !
Vous vouliez que ce soit simple ? Changez de vie les copains, avoir des enfants n’est pas compatible avec « simplicité ».
Avec bonheur souvent, mais avec galère parfois.
Créer un problème aux enfants, pour limiter leurs disputes, vous êtes choqués ? Non.
Quand on pense qu’il y a pas si longtemps, on pensait que c’était plus funky à l’epoque de la fessée.
Je rappelle qu’une fessée signifie symboliquement « je te fait mal car tu as fait quelque chose de mal ». Parfois car il/elle à frappé son frère ou sa soeur.
Donc on frappe l’enfant pour lui apprendre à ne plus frapper. Élue meilleure logique de l’année.
Alors Maryse, décrivez-nous maintenant ce superbe produit qu’est le Méta-Problème !
Stoppez les conflits entre frères et soeurs
Parce que je le dit. Et parce que des mecs en blouse blanche l’ont testé, moi également lors de centaines de séances, et la logique derrière est implacable.
Le méta-problème fonctionne de la sorte :
Deux individus sont en conflits au sujet de quelque chose qu’ils convoitent tous deux. S’ils perdent cet objet de désir, ils partagent la même « souffrance » ou « manque ». Cela est d’autant plus vrai que l’objet est vital à l’individu. Mettez deux hommes en conflit sans nourriture pendant quelques jours et vous verrez s’ils ne collaborent pas avant de se remettre sur la gueule une fois l’estomac plein.
L’idée est donc de créer un problème autour de cet objet de convoitise. Le rendre inaccessible, perdu, à réparer, etc.
L’astuce du Méta-Problème réside dans le « scénario » que vous devez construire pour faire COLLABORER vos enfants autour du Méta-Problème.
Il faut NÉCESSAIREMENT créer une situation ou la récupération de l’objet se fera à deux, éteignant de ce fait les conflits autour de l’objet, au moins pendant le temps de la collaboration.
Parfois, il peut s’avérer judicieux de faire croire à l’enfant qu’il se joue de l’adulte en résolvant le problème avec son frère ou sa soeur : « on l’a bien eu ! ». Cela renforce les liens entre vos enfants, leur « IN-GROUP ». Le IN-GROUP, c’est eux et vous parents vous êtes l’OUT-GROUP. C’est trop super patoche quand ils pensent êtres plus forts que l’OUT-GROUP. Et ça n’ira pas plus loin rassurez-vous.
Pas de faits divers avec trucidation de l’OUT-GROUP dans la nuit. Ouf. Enfin ça peut, mais cela ne viendra pas de ma méthode.
Ne tentez pas de me refiler un Méta-Problème si vous êtes morts.
Comment créer un méta-problème ?
Quelques exemples de Méta-Problèmes créés avec des Patients/Parents.
C’est souvent très drôle, car finalement nous ne parlons ici que de conflits, pas de pathologies. Alors bien sur, ces conflits peuvent aller très loin parfois (jet de TV par la fenêtre du 4ème étage par exemple. Aucune victime.), et altérer durablement voire définitivement les relations de la fratrie s’ils ne sont pas pris au sérieux sur le long terme. Voire même pour le couple.
La solution de Cédric Daudon
Identifier la situation/objet/moment récurrent(e) où vous observez les conflits.
Cela peut être un endroit (chambre, salon, etc), un objet (un jouet, une manette de jeu, etc.) ou un moment (temps passé dans la salle de bain, aux toilettes, etc.). C’est parfois un mix des trois. Parfois aussi c’est complètement différent.
2) Déterminer la problématique commune des enfants autour de l’objet/situation/moment.
Pour illustrer, voici quelques exemples de problématiques qui peuvent êtres communes à vos enfants en fonction de l’élément et le Méta-Problème à créer :
– Une manette de jeu = Plus d’électricité, plus de batterie à la manette, plus d’accès à internet, etc.
– La salle de bain = Chauffage en panne, serviettes sales, plus d’eau chaude, etc.
– Un jouet = Perdu, avec une enquête à mener (créez le jeu de piste qui va avec), cassé mais réparable, etc.
3) créer la problématique comme un gros fourbe, et bien évidemment à leur insu.
Sabotez un câble, coupez internet, arrêtez le chauffage, etc.
4) Profitez du temps de collaboration de vos enfants, sans pour autant les aider. Jetez tout de même un œil de temps à autre, on ne sait jamais.
Les Exemples qui marchent
À mon cabinet, j’ai rencontré plusieurs situations qui m’auront bien fait rire, et les parents aussi (une fois le problème réglé).
Voici deux exemples de Méta-Problèmes qui ont bien fonctionné.
Volte-Face
Deux frères, 11 ans et 13 ans se foutent méchamment sur la gueule régulièrement pour jouer à Fortnite, ZE JEU de tir et de survie qui envoie la sauce. Sauf que ces pauvres sans-dents n’ont qu’une console de jeu. Même pas de quoi se payer une deuxième PS5 à 600€, rendez vous compte.
Donc les deux Rambo en puissances se fritent autant dans leur jeu que dans le salon, pour savoir qui va jouer le premier, ou la partie suivante, ou quand ils perdent, ou quand ils gagnent. Bref, tout le temps.
Avec le père, nous inventons donc le Méta-Problème suivant : saboter le câble HDMI allant de la TV à la console de jeu.
Ensuite les parents devront :
– Ne pas réagir à leur premières disputes et ainsi ne pas chercher à déterminer qui est le coupable ;
– Ne pas les aider lors dans leurs appels au secours, seulement les guider pour trouver les outils ;
– Jeter un coup d’oeil régulier à ces deux bricoleurs du dimanche qui pourraient faire tomber la TV accrochée au mur ;
– Faire d’ÉNORMES renforcements positifs. Soit des compliments sur l’association fructueuse de vos enfants.
Soeurs Ennemies
Deux soeurs, 9 ans et 7 ans. La guerre. Guérilla Urbaine du salon à la salle de bain, en passant par les tranchées respectives de leurs chambres. Guerre dé-rangée depuis 3 ans. Pas de référence d’évènement traumatique dans leur histoire de vie. Pas de trouble des conduites ou d’opposition.
Non elles se prennent la tête sur tout et sur rien. De celle qui est servie en première à table jusqu’au rangement du linge pour aider Maman, la compétition est rude entres elles. Le but est de passer avant ou devant l’autre des notes aux habits, tout y passe.
Conflits H24, jolie ambiance. Quand on se rencontre on envisage d’ériger d’abord une statue en souvenir de la patience déchue de ces pauvres parents au bout de la roulette.
Puis on envisage un petit Méta-Problème sournois digne des plus grands félons.
Tout les oppose, sauf une chose : leur volonté de dormir dans la même chambre. Mais si les parents aiment le risque, puisqu’ils font des enfants, ils ne sont pas pour autant suicidaires. Voulant éviter des crises la nuit, les filles dorment chacune dans leur chambre.
Nous décidons alors d’enlever le fusible correspondant au chauffage de la chambre de la cadette.
Ce qui les opposait entre elles s’efface, et elles peuvent à présent négocier contre l’ennemi ultime : le parent réfractaire à la cohabitation de chambre. Et voila un début solution pour gérer les conflits entre frères et soeurs.
Feignant la résignation, les parents acceptent avec un faux contre-coeur de les laisser dormir ensemble, tout en rappelant qu’ils feront « tout pour réparer ce chauffage au plus vite », ne souhaitant pas les voir se disputer dans la même chambre en plein milieu de la nuit.
Et le miracle opère justement à cet endroit (enfin, on l’espère) :
Les filles n’ont pas à faire d’efforts pour ne pas se disputer, puisqu’elles partagent le même objectif : dormir ensemble.
La Conclusion, le Psy !
Alors on va pas se mentir, avec le Méta-Problème je n’invente pas la roue au beurre ou le fil à couper les cailloux. C’est juste une solution potentielle parmi tant d’autres pour gérer les conflits entre frères et soeurs.
Le Méta-Problème est simplement un mix d’intuition, de créativité, de logique et de trucs déjà prouvés ici et là.
Et il est vrai, ça ne marche pas toujours, ou pas ad vitam aeternam.
Il faut parfois recréer d’autres méta-problèmes par la suite ou bien relancer le précédent. Parfois cela n’apaise qu’en partie les tensions, et consulter un éducateur spécialisé, un psychologue ou un directeur de pensionnat est parfois conseillé !
N’hésitez pas à proposer vos Méta-Problèmes en commentaires, ou vos problèmes pour trouver le Méta avec vous !
Et si votre problème concerne plutôt le sommeil de votre enfant, n’oubliez pas d’aller jeter un oeil à mon guide et ma thérapie en ligne ICI