Les médicaments, est-ce une fausse bonne idée pour traiter les troubles anxieux et la phobie d’impulsion ?
Vous vous demandez sûrement si les anxiolytiques et les antidépresseurs sont une solution pour se soigner de ces pensées intrusives qui vous pourrissent la vie, et vous avez raison.
En consultation j’entends souvent deux sortes de discours, les pro traitements, par dépit, et les anti-traitements, qui refusent toute sorte de médication pour aller mieux.
Mais alors qui a raison parmi eux ?
Les traitements : un peu d'explication
Déjà commençons par voir comment fonctionnent – très succinctement – ces médocs, afin de déterminer dans quels cas ils peuvent ou non êtres utiles.
Nous séparerons dans cet article seulement deux grandes classes de médicaments pour ne pas vous perdre et puis on est pas dans un cours de pharmaco non plus ici. Allons droit au but de ce qui est de toute facon, le plus souvent prescrit par nos chers médecins (généralistes et psychiatres).
Les Anxiolytiques
Les anxiolytiques font partie de la famille des benzodiazépines : Xanax ou Alprazolam, le Ceresta et j’en passe, sont des molécules qui visent à augmenter la concentration dans votre cerveau, d’un truc nommé GABA. Le GABA permet de laisser passer davantage de molécules relaxantes dans les récepteurs de vos neurones.
Pour la métaphore, on dira que c’est le mec à l’entrée de la soirée qui ne laisse entrer que les gens cools et empêche les autres d’entrer. Mais il fait plus lentement, en ralentissant l’activité des neurones et laissant entrer doucement ce qui est plus agréable.
Dans notre cas, l’anxiolytique fera que votre soirée sera bien plus fun car davantage de gens chouettes seront invités, calmement, doucement, progressivement.
Au niveau de son activation, l’anxiolytique à une durée d’action plutôt courte, de l’ordre de quelques heures, mais agit rapidement à chaque prise : un petit cachet et hop, 20 à 30 minutes après vous vous sentez déjà un peu mieux. Le premier problème vient de cette durée d’action un peu courte : une fois l’effet « éteint », le patient peut avoir recours a sa pilule magique dès lors qu’il observe un stress qui revient. Et une forme d’addiction peut se développer. Pas directement à la molécule mais plutôt comportementale, puisqu’a chaque fois que l’on se sent pas très bien, on a une solution qui agit vite et correctement.
Le meilleur moyen de ne plus pouvoir s’en passer. C’est ce que j’appelle le bonbon de l’anxieux.
Dans les faits toutefois, la grande majorité de mes patients sous phobie d’impulsions ne souhaitent vraiment pas se retrouver dans ce schémas, et refusent systématiquement toute aide médicamenteuse par peur « d’addiction ».
Or, on risque surtout une accoutumance, c’est à dire que l’organisme va s’habituer à la molécule et pour obtenir les mêmes effets, il faudra augmenter la dose, ou en prendre plus souvent. Oui la nuance avec l’addiction est plutôt fine, je vous l’accorde. Comme le piano chez tata Gisèle.
Ceci dit et ponctuellement, ils sont un très bon moyen de surmonter un évènement de stress ou d’anxiété intense.
Alors, sont-ils utiles dans la phobie d’impulsion ?
Oui et non. À court terme, pendant quelques heures, oui c’est utile puisque le patient se sentira mieux. Mais est-ce que ça soigne ? Non, c’est presque même un évitement. Un évitement des sensations de stress, dont il faut justement affronter les effets (sans risques malgré ce que l’on croit lors d’une crise) pour s’en désensibiliser, par habituation.
Les Antidépresseurs
Contrairement à ce que leur nom laisse penser, ils ne sont pas prescrit seulement en cas de dépression. Donc si vous avez une phobie d’impulsion et que vous avez peur de faire une dépression, vous voir prescrire des antidépresseurs ne veut pas dire que votre médecin vous cache un diagnostic de trouble dépressif !
On se détend donc un peu et on revient à nos moutons.
Les antidépresseurs vont aussi agir sur la régulation de l’activité des neurotransmetteurs de ta cervelle, mais ont une action un peu différente évidemment.
La aussi, faisons simple pour ne pas vous perdre en faculté de pharmacie : il y a deux grandes familles, les ISRS (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine) et les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN).
La première famille (les ISRS) vont permettre d’augmenter les molécules du bonheur, et donc les niveaux de sérotonine. Bravo vous suivez, et vous allez voir, la suite est pas plus compliquée.
La deuxième famille fait exactement pareil mais comme Batman avec Robin, elle y ajoute la Noradrénaline qui est également responsable de la régulation de l’humeur.
Le délai d’action des antidépresseurs et plus lent que les anxiolytiques : comptez généralement 2 à 3 semaines, mais on peut avoir une stabilisation au bout de 6 semaines aussi.
Il faut être bien plus régulier dans la prise de ce traitement que l’anxiolytique que l’on peut (presque) arrêter du jour au lendemain ou oublier une prise.
Les traitements antidépresseurs sont donc souvent plus long, et étalés sur plusieurs mois (3, 6 ou 9 mois généralement).
Ils sont aussi plus stables car leur action est plus « lissée » dans le temps, contrairement aux anxiolytiques qui auront cette action rapide mais brève (quelques heures si vous avez lu au dessus).
Ne vous amusez donc pas à sauter des prises de votre traitement sous peine de vivre un bon « effet rebond » qui vous fera faire les montagnes russes émotionnellement parlant. En gros te retrouver à chialer comme en CP parce que ta copine Julie avait cassé ta règle, puis rigoler comme une baleine car la surveillante t’a consolé avec une chanson nasillarde.
Pas de risque particulier donc mais c’est un peu désagréable, surtout si ça t’arrives en pleine réunion de boulot.
Par contre on évitera de consommer de l’alcool avec ces médocs, là on ne déconne pas.
Le premier effet est que vous risquez de vous retrouver complètement bourré(e) au bout de 3 verres, avec la désinhibition qui va avec. Généralement quand on prends ces traitements, c’est qu’on est pas au top de sa vie, alors c’est pas la peine de se payer l’affiche dans le bar de ton quartier en dansant sur les tables puis en pleurant ta race en fin de soirée.
C’est pas ce qu’on te souhaite quand on prescrit ce type de traitement, donc évitez les bêtises.
Globalement, mes patients en proie a des troubles anxieux ont plus recours aux traitements anxiolytiques et antidépresseurs que ceux en phobie d’impulsion.
Mais alors pourquoi Jean-Pierre ?
Je n’ai pas de réponse précise mais globalement, les patients souffrant de phobie d’impulsion ont une grande tendance à vouloir être dans le contrôle. Et pour ces derniers, les médicaments vont leur « retirer » une capacité de décider, de penser : ils ne seront pas aussi maitre de leur vie.
Alors qu’on soit bien clair : hormis certains traitements, vous restez vous-même et cela va simplement atténuer les effets du stress, réguler vos humeurs et vous irez juste mieux et c’est quand même pas mal quand on a peur de se faire du mal ou flinguer la famille au diner.
Mais vous l’avez compris, cela ne soigne pas !
Ces traitements, lisez sur internet d’autres articles si vous voulez, sont souvent précis en complément d’une thérapie comportementale et cognitive.
La thérapie va soigner, et le traitement va permettre de travailler plus efficacement puisque vos émotions seront moins exacerbées.
Oui car quand tu as le trouillomètre à 12 sur 10 la moitié de la journée, c’est pas évident de travailler tes exercices cognitifs ou comportementaux, ou même discuter avec toi en consultation.
Si tu es plus temporisé(e) et régulé, ça sera bien plus facile de t’expliquer les choses pour que tu travailles efficacement ton trouble anxieux.
Et bien évidemment, une fois que l’on obtient des résultats, on arrête progressivement le traitement.
Il n’est pas question de rester 10 ans ou toute sa vie sous traitement !
Une image portée par l’inconscient collectif depuis des années, malheureusement corroboré pendant des décennies de patients régulés par traitement mais jamais soignés et/ou suivi chez des psychanalystes qui faisaient durer leurs thérapies pendant bien trop longtemps sans résultats positifs.
Oui, tu l’attends celui-là : dois-je ou non prendre des médicaments ?
Mon médecin me les a prescrit mais je ne les ai pas encore pris !
J’hésite, ça me fait peur !
Et je vous en passe et des meilleures, mais cette crainte est légitime lorsqu’on ne sait pas trop ce qu’on va consommer et les effets espérés.
Maintenant que vous savez comment fonctionnent (simplement) ces traitements, dites vous que leur prise dépendra essentiellement de votre état anxieux et donc émotionnel.
Si votre trouble anxieux (pas seulement les phobies d’impulsion) est trop envahissant, que vous passez de 0 à 10 sur 10 en anxiété stress et angoisse dès que vous avez une pensée intrusive ou dans certains contextes, alors le recours à un traitement peut s’avérer très utile.
J’ai dit « UTILE » ! Pas efficace.
La nuance est ici : ce choix sera efficace si votre traitement est couplé a un travail en thérapie. Sinon oubliez, cela ne sert à rien, ne passez pas par la case départ.
Si vous arrivez par contre à vivre avec votre anxiété (bien que ce soit bien dégueu au quotidien d’avoir ces pensées et ce stress), alors vous pourriez obtenir de bons résultats sans traitement.
Une conclusion nuancée encore une fois, mais basée sur mon expérience auprès de touuuuuut mes patients anxieux : globalement, il n’est pas nécessaire d’avoir recours à un traitement pour se sortir d’un trouble anxieux.
Par contre si vous ne faites rien pour vous : pas de thérapie et que vous ne prenez pas un traitement pour au moins améliorer un peu votre confort de vie, et bien c’est complètement con.
C’est con car vous risquez de vivre avec ce trouble ou cette phobie d’impulsion pendant longtemps : cette situation ne s’améliorera pas d’elle même toute seule comme ça pouf magie magie c’est la cuisine d’aujourd’hui tout disparait.
Faites quelque chose pour aller mieux, car vous n’avez pas a vivre avec un trouble anxieux toute votre vie.
Il existe de nombreuses solutions qui apportent des résultats définitifs et durables.
Oui sinon je ne serais plus Psy, j’irai m’enfermer dans un cottage pour écrire des romans policiers plutôt que des conseils inutiles sur un trouble incurable.
Aller bisous et prenez soin de vous.